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Néo Assistant social dans la fonction pudik...

30 juillet 2012

Les Usagers ....

Attention à ne pas se tromper. Usager avec un "r" ! Même si on aimerait que certains s'usent vite, les usagers sont les utilisateurs des services publics, et en particulier des services sociaux. 

Ceux qui viennent me voir ont tous des problèmes liés à un impayé locatif, en général en pleine procédure d'expulsion locative. 

Madame X par exemple, non seulement elle risque de perdre son toit, mais en plus son mari s'est enfuit en voyant le montant de la dette locative. Il m'a gentillement envoyé sur un petit bout de papier : "je n'en peux plus, aidez là, moi je pars". Stupeur sur le coup. Avec du recul, j'en ris. Et je le plainds aussi. 

Elle n'est pas méchante. C'est juste qu'elle mène une grande vie. Elle chante dans des évènements privés, comme des mariages. Cette "griotte" a un agenda de ministre. Alors ouvrir son courrier, et payer les factures, vous comprendrez vite que c'est pas facile. Heureusement y a l'assistant social... ouais ... surtout avec les 5 enfants en bas âge, elle va en avoir besoin du service social !

Monsieur et Madame Dédé, eux, c'est tout autre chose. Ils sont à la retraite. Leur deux âges réunis, on remonte le temps jusqu'à Adam . Non non, pas le mec d'Eve , mais d'Opel ! Le mec qui a fondé la 1ère usine automobile de la marque il y a 150 ans. Revenons à nos deux accolites. C'est un petit couple de personnes âgées, qui éprouve des difficultés à payer leur loyer. Quoi de plus surprenant à Paris, lorsqu'on a deux petites retraites inférieures au Smic. Ils ne sont pas dans un logement social. Bah oui, c'est pas donné à tout le monde, voyez ! Quand je les vois, c'est Madame qui parle. C'est elle qui tient la culotte comme on dit. Ah, ça elle tient bon. L'autre fois elle m'appelle pour annuler le rendez vous. Elle fait une chimio, et comme mon bureau n'est pas équipé en commodités ... c'est un peu compliqué... J'ai pas insisté. Ils seront bientôt relogés dans un logement pour personnes âgées. Enfin, s'ils ne sont pas trop exigeants. Sinon ils risquent de finir à la rue. Ils ont déjà refusé un petit duplex à cause de l'escalier à monter. Et oui, tout n'est qu'une question de point de vue, et d'âge aussi ... 

Des jeunes, j'en reçois aussi quelques uns. Même si c'est pas une majorité. Mais quand ils viennent me voir, c'est pas pour nombre à trois chiffres, ça serait trop simple. Eux c'est le jackpot ou rien. 

Mister H, c'est un vingtenaire très motivé à régulariser sa situation. Son papa lui a payé un avocat. Il va rembourser sa dette, c'est ce qu'il me dit. Sauf qu'il ne sait pas trop comment, ni quand... avec un salaire tout juste au dessus du smic , et un loyer à plus de 700 euros qu'il n'a pas payé depuis un an... ça c'est sûr, ça va être dur ! Il a des excuses : premier appartement,c'est la belle vie, premières factures aussi, premiers salaires, premiers impôts (ça va avec, c'est un package à la française), et premiers couacs. Ce qui me plaît chez lui, c'est son côté positif, il est persuadé qu'il va s'en sortir. Je lui ai pas dit qu'il partait avec un pied amputé dans la vie, mais je l'ai pensé très fort. Deux mois après, il a quitté son logement et est retourné vivre chez ses parents. Bien tenté l'autonomie ! 

En ce mois de juillet, les histoires sont moins drôles. Certainement le coup d'après élections, les expulsions locatives fusent. On expulse à tour de bras. Comme si on se débarassait enfin du vivier gardé sous le coude avant la présidentiel. Comme si on avait voulu étouffer la réalité. On met à la rue des centaines de personnes chaque année. Des personnes âgées, des familles avec enfants, des jeunes désoeuvrés, des personnes handicapés ou avec une maladie grave. Tout ça on le sait, et on le fait. Dans ce gros lot, il y a bien des gens de mauvaises foie. Qui n'ont pas payé leur loyer non pas à cause de "la crise", mais parce qu'ils en ont fait le choix. Ils sont alors responsables de ce qui leur arrive. Ceux là, je les laisse à leur sort. Mais je veux aussi et surtout parler pour tout ceux qui paye pour ceux là. Ces victimes qui subissent ce que la société leur laisse en guise de miettes. Ces gens qui n'ont pas un euro en fin de mois. Tous ces gens cités dans la constitution française. Tous ceux à qui on donne des droits. Des droits de travailler, de se loger, de vie... (mais pas de mort). Et pour qui l'Etat ne peut pas appliquer sa loi. Celle de la république qui doit se substituer au citoyen lorsque celui-ci est en grande difficulté. Or l'Etat ne veut pas payer pour éviter les mises à la rue. Mais il ne veut pas non plus assumer la réalité qu'il transforme en cauchemard. Un cauchemard pour les usagers du service social. Un cauchemard pour les professionnels qui sont là, las ... 

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19 juillet 2012

Logement social vs Logement privé

Si jusqu'à présent, le passage d'un gourvernement de droite à un gouvernement de gauche, et peut être un peu gauche à en croire les premières critiques, n'a pas montré encore les changements, tant espérés, il y a certaines mesures que l'on attend avec impatience.

Si l'imposition renforcée des plus riches était la bienvenue, l'exonération de cette mesure pour les footballeurs apporte comme un goût amer presque nostalgique, d'un espoir déjà disparu.

En matière de logement, c'est l'encadrement des loyers lors d'un changement de bail qui nous réjouit. Pourquoi ? 

Il était une fois dans la société des logements sociaux, et des logements privés. Les uns sont mis en location par des bailleurs sociaux, très encadrés par les lois, ce sont les gentils, et les autres ... propriétaires et agences de gestion immobilière, ça ce sont les méchants. Pour les premiers, le travail social s'est introduit dans les relations entre bailleurs et locataires. Pour les seconds, c'est un peu plus compliqué, un peu trop long à expliquer. Ou plutôt, il n'y a rien à expliquer. En France , le sacro-saint droit à la propriété domine l'intérêt général. Je dis pas que c'est bien, je dis pas que c'est mal, c'est juste salaud parfois. 

Dans le service social, il y a deux procédures en matière d'expulsion locative, qui se distinguent de par le caractère social ou privé du logement. C'est très simple, d'un côté, on a la loi qui donne les moyens aux travailleurs sociaux de prévenir l'expulsion d'un logement social, et d'un autre côté, on a un puits sans fond lorsqu'il s'agit d'un bailleur privé. D'un côté, on a un travailleur qui se sent utile, et peut démontrer son efficacité. Et puis de l'autre côté, on a un travailleur social un peu désabusé, qui se demande même à quoi il sert. 

Et oui, le monde est injuste. Vous avez de la chance d'être dans le parc social, vous ne payez pas trop cher votre loyer, et en plus on vous protège, on vous aide de manière intensive lorsque vous êtes en procédure d'expulsion. On peut même vous retrouver un logement moins cher et mieux adapté à votre situation. C'est à la carte ! 
Par contre, vous êtes plutôt dans la merde si vous êtes chez un bailleur privé, en procédure d'expulsion locative. Nous, pauvres travailleurs sociaux, n'avons quasiment aucun moyen de vous aider à vous maintenir dans votre logement. Vous n'avez déjà pas la chance de payer un loyer modéré, mais en plus on vous laisse tombé lorsque vous avez besoin de nous. On ne sait plus qui sont les méchants dans cette histoire. 

Tout cela me questionne. Me dérange. Je trouve trop facile de bosser avec des bailleurs sociaux, mais je dois sans cesse trouver du sens à mes interventions, lorsque j'ai affaire à un propriétaire privé. Comment faire disparaître cette dichotomie entre ces deux types de situation ? Rétablir un peu d'égalité entre les gens.  Pourquoi d'ailleurs cette injustice persiste t-elle, dans la mesure où le mal-logement est devenu une problématique nationale, un fait de société ?

J'aime la fonction publique. J'aime Paris et le service public. 

Je crois à l'égalité et la justice. J'ai confiance en l'avenir. 

Paris est une ville dynamique, qui innove sans cesse en matière d'action sociale. Elle engage une politique générale proche des parisiens, de ses administrés, des utilisateurs de ses services, pour répondre au mieux à leur besoins. Je suis fier d'être à son service. 

Dernièrement, elle a peut être trouvé la solution à mon problème existentiel, professionnel. Un dispositif expérimental a été lancé en 2011 dans le cadre de la prévention des expulsions. Il concerne les locataires du secteur privé. C'est chouette non ? Enfin, on a pensé à tout le monde ! 

Ce dispositif est appelé "intermédiation". C'est à dire que des spécialistes de la relation, de la persuasion, sont missionnés pour concaincre les bailleurs et propriétaires privés, de maintenir leur locataire mauvais payeur dans le logement. Des moyens sont mis à disposition. En 2011, ce dispositif avait comme objectif d'éviter 20 expulsions à Paris. En réalité, il n'y en a eu que 7. Mais c'est un pas en avant. 

Ainsi, je peux désormais m'appuyer sur ces intervenants pour prendre le relais dans les situations d'expulsion du parc privé.

Cela dit, on crée un service de professionnels pour cette mission, alors que des travailleurs sociaux sont déjà à la tâche,  laissés, vraisemblablement, sur le carreau. Encore une fois...

 

 

 

14 mai 2012

Fin des élections, reprises des expulsions ...

Avec les élections, on ressentait un petit répit, il ne s'agissait que d'un sursis. Un président qui s'en va, et avec lui, la reprise des expulsions locatives.  Un président, ce n'est pas la vache qui rit. Ce qui est sûr, c'est que des gens à la rue, ce n'est pas politiquement correct. Et tant mieux, les luttes peuvent continuer !

Mais quelles luttes ?

Vous sentez-vous concernés par ce grand sujet de société qui fait l'actualité toujours actuellement, toujours et encor ... ?

Faut-il être expulsé pour s'engager dans la défense des droits de tout le monde ?

C'est quoi un expulsé exactement ?

Les profils sont tellement différents. Mais la cause reste la même : l'impayé locatif.
Alors on crée des outils pour traiter l'impayé locatif, qui vont de l'aide à la gestion budgétaire, à l'aide financière, en passant par le plan d'échelonnement de la dette locative... Un peu comme un garagiste qui fait de la mécanique, on bricole avec ce qu'on a. (Je n'ai pas dit avec une vieille épave, je reçois de tous les âges !).

Lorsque je reçois les personnes qui répondent à mes mises à disposition, je ne connais presque rien d'eux. Un nom, une adresse. Le travail social se fera (ou pas) à partir de cette rencontre, entre le professionnel et la personne en difficulté, et le plus souvent en souffrance.

Gardons le sourire !

Le lieu d'accueil est très important pour moi. Ce que je regrette dans l'administration dans laquelle je travaille, sont les conditions d'accueil. Des lieux neutres, bureaucratiques, parfois sans vie.

Gardons le sourire !

Cette rencontre, c'est une intéraction entre deux (presque) inconnus. Un échange. Un moment où l'on peut pleinement laisser s'exprimer notre savoir faire, et notre savoir être. Moteurs de la profession. Plus value de notre métier, pour parler modernité. Le travail social doit rester avant tout un travail humain.

Faisons les sourires !

Je me présente, et la personne que j'ai en face de moi, se présente. Elle me dit ce qu'elle veut. Ce qu'elle peut parfois. L'assistant social est soumis au secret professionnel, un outil pour garantir la relation de confiance, et surtout la discrétion de la vie privée pour la personne. On travaille dans son intérêt, faut pas l'oublier !

Faisons les sourires !

Avec le reccueil de données, j'évalue la situation de la personne. Cette évaluation me permet de l'informer sur ces droits, de l'orienter vers des services compétents, des associations qui peuvent la soutenir, de l'accompagner sur le plan social sur un moyen ou long terme ... et là commence la relation d'aide qui s'établit entre la personne et le professionnel.


Beaucoup de préjugés existent autour de la profession. D'ailleurs vous en connaissez certainement ?

Je vous rassure, il y en a aussi pas mal sur les usagers eux mêmes ! Et vous en connaissez aussi !

Qui sont -ils ? Des assistés ? Des gens qui profittent du système ? Des fainéants qui sollictent les services sociaux alors qu'ils pourraient s'en passer ? Des familles qui font des enfants en nombre pour toucher les allocs ? Et j'en passe ...

Et pour les assistantes sociales (euh je ne garde pas le féminim par orgueil, mais par convention...) ? Elle ne font rien ? Elles sont jugeantes ? Elles n'ont pas d'enfants, pas de vie de famille pour comprendre les problèmes de gens ? Elles ont des maris qui les entretiennent ? Elles sont toujours en congés ?


Au fil des messages sur ce blog, à travers toutes ces histoires de vie, j'espère que ces a prioris prendront une autre réalité.


 

11 mai 2012

D'inconnus à connus ...

Lorsque je reçois les dossiers, c'est toujours le même réflexe. Je dirige un oeil à demi ouvert en direction de la case "Montant de la dette locative".

C'est rare lorsqu'il n'y a que trois chiffres. Heureusement, c'est rare aussi lorsqu'il y en a 5 !

Au début, j'y prétais attention. Comme s'il y avait une hiérarchie d'importance dans le traitement des dossiers. Au fil des mois, j'ai appris à ne plus m'arrêter sur ce détail.

On classe aussi les dossiers par leur avancée dans la procédure d'expulsion. Du simple impayé de loyers, jusqu'à l'obtention du concours de la force publique. C'est la Caisse d'allocations familiales et la préfecture qui nous signalent les personnes qui sont inconnues des services sociaux. Malgré eux, ils sortent de l'anonymat. Un big brother providentiel.

Je me mets alors à leur disposition. Certains se saisiront de cette proposition d'aide, et d'autres pas.

Ils passeront du statut d'inconnu à celui de "connu".Enregistré dans la boite informatique, sur un logiciel partagé entre plusieurs services, etc. Mais ça, c'est une autre histoire ...

7 mai 2012

Expulsé de chez toit...

Quatre murs et un toit, voilà une maison. De bois ou de béton, elle nous réconforte, nous protège. On y rentre, on y sort. De jours comme de nuits. Des va-et-vient rythmés par les claquements de portes, et parfois des rires d'enfants. On hume les odeurs gourmandes des gateaux de maman à l'heure du gouter, mais parfois aussi des odeurs dérangeantes d'un taudis. On y rit, on y danse. Ou on dérange. Cette maison c'est nous, c'est vous, c'est notre chez soi, et quelque soit l'image qu'elle a, elle nous suffit, elle est parfois la seule chose qu'on a.

Une maison, c'est un chez soi, une identité. C'est un lieu où on se sent en sécurité. Un endroit où l'on peut se retrouver en famille, ou entre amis. Un endroit où l'on peut exister...


Chaque année, du 15 mars au 1er novembre, des dizaines de milliers de personne en France, doivent quitter leur chez eux. On les regroupe sous un même titre générique, encré par de nombreux préjugés, d'aprioris, de jugements tout fait. Etre expulsé, c'est êre coupable. Et pourtant, les Expulsés n'ont pas qu'un visage. En ont-ils vraiment un ? Savez vous qui ils sont ? Ce qu'ils deviennent ?

Ce blog leur est dédié. Les expulsés de chez toit. 

Je travaille dans la prévention des expulsions locatives. Tous les jours, ce sont des dizaines de situations de personnes qui se retrouvent en procédure d'expulsion qui se présentent devant moi. Certaines passeront comme une lettre à la poste. Et d'autres me marqueront. Ce sont ces histoires, ces vies qui font une pause sur mon bureau, que je souhaite faire revivre à travers mes récits. Donner un visage à tout ces on dit, ces maux dits... Parce que ne pas en parler, c'est laisser vérité les idées reçues jusque là véhiculées. Parce que ne pas en parler, c'est ne rien faire pour que ça change.

A l'aube d'une présidence sociale, j'ai un peu plus d'espoir qu'hier pour mon métier, pour le travail social en général. Pour une société cohérente avec sa constitution, plus humaniste avec ses consitituants.

 

 

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Néo Assistant social dans la fonction pudik...
  • Bonjour ! Assistant social, j'exerce dans la fonction publique. Néo professionnel dans un milieu plutôt féminin, je souhaite ouvrir la réflexion dans le domaine qui représente pour moi, à la fois un métier, mais aussi une passion.
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